Ada lovelace

Voilà quarante ans que nous célébrons les femmes le 8 mars, depuis 1975, année internationale de la femme, pour accuser réception de la lutte historique concernant l’amélioration des conditions de vie des femmes. Vaste programme, comme dirait l’autre. Toujours cet arrière goût d’inachevé… Pour l’occasion, Anne-Marie Kermarrec nous parle de grandes pionnières de l’informatique, aujourd’hui Ada Lovelace. Le premier programmeur de l’histoire était une programmeure ! Serge Abiteboul.

1967 : autant de bachelières que de bacheliers, pour la première fois. 2015 : à peine 10% de femmes dans les cursus d’ingénieurs. L’informatique continue de se sinistrer doucement mais surement. Au cours du congrès annuel de la SIF (Société informatique de France), consacré cette année à « Femmes et Informatique », nous n’avons pu que constater les statistiques en berne, qu’il s’agisse d’étudiantes, de chercheuses et enseignantes-chercheuses. Plus encore, à mesure que les grades augmentent, les femmes se raréfient. Same old story. D’aucun pourrait se réjouir du reste et conclure que l’informatique prend du galon, arguant du fait qu’une discipline qui se féminise est clairement en perte de prestige et de vitesse… Nous avons débattu deux jours sur les raisons de cet état de fait. Qui de l’image, des clichés, etc. …. et cette impuissance, prégnante, à inverser la tendance. Oui quelques idées flottent bien, comme de convaincre les filles qu’elles aiment aussi la technique, de revamper les cours d’informatique ou encore d’enseigner l’informatique dès le primaire. On attend toujours le déclic sociétal…

2014, si elle était le quarantième anniversaire de la légalisation de l’IVG, était aussi celle du centenaire d’Alan Turing, le père de l’informatique. Turing, malheureusement encore trop peu connu du grand public quand il devrait mériter au moins autant d’égards qu’Einstein. Tout le monde connaît l’espiègle moustachu qui tire la langue, quand bien même la théorie de la relativité échappe à la majorité des gens, ou encore Freud, dont on sait qu’il interprète les rêves. Turing, lui les aura réalisés. Pourtant, personne ne le connaît, quand la moitié de la planète tweete à longueur de journée, sur ses traces…

2015 commence bien. Hollywood s’en mêle. Deux films consacrés à des scientifiques de renom : Alan Turing (Imitation game) justement et Stephen Hawkings (The theory of everything). Imitation Game retrace les activités de Turing pendant la seconde guerre mondiale pour craquer Enigma, au creux de Bletchey Park, où mille délicates oreilles féminines interceptent les messages pendant que quelques cerveaux masculins s’évertuent à les décoder. Pourtant, déchainement de critiques : impossible de comprendre précisément comment Enigma a été craquée, le concept de la machine de Turing est à peine évoqué, pas plus que le test éponyme permettant de différencier intelligence artificielle et intelligence humaine, qui pourtant donne son titre au film, Turing a l’air d’un autiste, l’homosexualité est trop timidement affichée, etc. Soyons sérieux, quel scénariste, aussi talentueux soit-il, serait capable d’expliquer clairement la crypto au grand public dans un film hollywoodien %interrogation% Réjouissons nous plutôt que ce film ait du succès et permettent de mettre en lumière le père de l’informatique. Quand à The theory of everything, peut-être que le fait que Hawkings, lui même, ait rendu un verdict positif, suffira à faire taire les puristes des trous noirs.



Ada Lovelace - Wikipedia



14/06/2020

⬅ Tous les articles